LYON MAGAZINE
INTERNATIONAL DE MARS 2003
TRUPHEMUS A MORNANT
En dehors des expositions officielles (Le Rectangle 2000,
le Musée des Beaux Arts 1986), Jacques Truphémus n'expose plus jamais dans
sa ville, réservant ses apparitions à la galerie Claude Bernard qui exposait
à paris Francis Bacon, Bonnard et tant d'autres grands noms de l'Histoire
internationale de l'art. Si la Maison de pays de Mornant a décidé le peintre
à présenter 45 oeuvres sur papier "jamais vue" c'est surtout parce
que Truphémus a une véritable affection pour l'endroit qui a compté pour ses
amis comme Paul Dubois, le poête Louis Calaferte, les peintres Etienne
Morillon et Combet-Descombes. Ainsi on trouvera des travaux des vingt
dernières années (souvent des dessins préparatoires), des scènes
d'intérieurs (bistrots et atelier), des paysages familiers (Lyon et les
Cévennes), des personnages aussi (portrait de l'épouse du peintre,
autoportraits "sans visage"), et des anonymes (foule qui glisse en
frôlant les murs gris de la ville), etc. Un bel album retrace cet épisode à
Mornant, reproduisant chaque oeuvre exposée, il est édité par Stéphane
Bachès.
Bernard Goutennoire
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Le PROGRES du 25 févrie 2003
UNE PEINTURE DE L'INTIME
L’AVENTURE de Jacques Truphémus commence au musée de la
peinture de Grenoble où, dès son adolescence, il se rend chaque jour pour y
découvrir la peinture du XVIIe siècle. Premiers contacts avec un monde
inconnu, premières émotions violentes aussi, qui laissent une empreinte
ineffaçable.
Premiers désirs confus d'oser se risquer à peindre et
dessiner. Une passion s'éveille qui ira grandissant et finira par gouverner
toute une vie. C'est à la même époque que Truphémus aborde l'œuvre de
Baudelaire. Les textes critiques ne le remuent pas moins que les poèmes, et,
à force de les lire et les relire, il connaît tant les pages consacrées à
Delacroix qu'il pourrait se les réciter. Baudelaire le révèle à lui-même.
La fréquentation de cette œuvre a sur lui une action
décisive. Et aujourd'hui encore, il reconnaît que de tous les écrivains
qu'il a lus, et ils sont nombreux, c'est Baudelaire qui lui a le plus
apporté. Lire et regarder. Lire et s'emplir parle regard. C'est à quoi il
s'applique durant toute cette quinzième année (1937) qui lui a laissé le
souvenir d'une année exceptionnelle. Après Baudelaire, il découvre Fromentin
qui était peintre avant d'être écrivain, et qui, en des textes sagaces et
sensibles, a su admirablement parler des peintres qu'il aimait. Puis c'est
le choc que lui vaut la lecture des Lettres de Van Gogh, dont parait
d'ailleurs cette années-là un album de dessins qui permet de mieux
appréhender une œuvre encore mal connue. L’adolescent détache les pages de
cet album et en tapisse les murs de sa chambre. L’aventure commence. Une
première toile (d'ailleurs conservée) de facture classique préludera à
toutes celles qui vont suivre. Avec les autres élèves de sa classe de
peinture - Cottavoz, Fusaro, Philibert Charrin, Hélène Mouriquand, Coquet ou
encore Buffet - il s'exprime de plus en plus et il n'a pas trente ans quand
il présente sa première expo. D'autres suivront et suivent encore.
Nadine Perronnet
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AZART
Le magazine des collectionneurs et des acheteurs d'art
(avril-mai-juin 2003)
Près du chevet de l'église Saint-Pierre, à
Mornant, dans le Rhône, "la maison de pays" datant du XVIIéme
siècle. accueille régulièrement des expositions d'art. Celle là est un peu
par ticuliere puisqu'il s agit des "dessins, aquarelles et pastels" du très
grand peintre Truphémus. que nos lecteurs connaissent bien. Par quel miracle
cette rencontre a-t-elle été possible ? Tout simplement grâce à la
gentillesse proverbiale du peintre mais aussi grâce au dynamisme des "Amis
des Arts", une association que préside Monique Campigli, bien secondée par
Elise Rioux. les occasions de voir une partie de l'oeuvre de Truphémus ne
sont pas fréquentes, précipitez vous à cette exposition. |
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Le Progrès
Jacques Truphémus à la Maison de Pays
une exposition d'exception
Dans la palette des peintres lyonnais des
lendemains de la Libération, surgit un créateur dont l'attention se
porte vers les infinies nuances de la lumière. On le dit luminisme.
Pourtant cet artiste-là excelle aussi dans le dessin, oeuvres rarement
exposées. Pendant un mois, la Maison de Pays offre ses cimaises à
Jacques Truphémus, avec mardi soir, sa présence exceptionnelle lors du
vernissage.
Par ces dessins d'approximation ou plutôt d'approches emmêlées
d'hésitations tendres, Jacques Truphémus donne à dire les choses en
tournant jusqu'au plus près sans vouloir jamais limiter la forme, On le
connaît artiste peintre, qui en touches moelleuses, en couleurs voilées,
raconte les brumes lyonnaises. Entre lumière intérieure et lumière du
monde, son oeuvre est sage, poétique, modeste et profonde. Influencés
tout comme Fusaro ou Cottavoz, autres artistes et amis lyonnais, par
Pierre Bonnard, il traduit la chose éparse, le bonheur d'un jour,
l'«indéfinition » de la forme, la tendresse nuancée de mélancolie, mais
aussi le délire expressionniste ou la chair torturée.
Des oeuvres jamais vues
On connaît moins l'artiste comme dessinateur ou pastellliste. Pourtant,
les 51 oeuvres sur papier "jamais vues" présentées pendant un mois à la
Maison de pays s'étalent sur les vingt dernières années, souvent des
dessins préparatoires, des scènes d'intérieur dans des bistrots ou dans
son atelier, des paysages familiers de Lyon ou des Cévennes, des
portraits de son épouse, des autoportraits aussi et une foule d'anonymes
qui glissent en frôlant les murs gris de la ville.
Jacques Truphémus est un artiste qui se fait rare et il ne se produit
plus jamais dans sa ville, réservant ses apparitions à la galerie
parisienne Claude Bernard où s'exposaient ses amis Bacon, Bonnard ou
tant d'autres grands noms de l'histoire internationale de l'art. Alors,
comment les Amis des arts de Mornant et plus particulièrement Monique
Campigli et Pierre, son mari, ont pu décider le peintre à présenter ses
dessins, aquarelles et pastels, et à honorer de sa présence le
vernissage ? Tout simplement parce que l'artiste a une véritable
affection pour l'endroit qui a compté pour ses amis comme Paul Dubois,
le poète Louis Calaferte ou encore les peintres Etienne Morillon ou
Combet-Descombes.
Alors, pour cette visite rarissime, sachons voir car rien de ce que
propose Truphémus n'est vide de sens. Rien chez lui de gratuit, de
virtuose. Derrière l'apparence anecdotique se dissimule chaque fois une
profonde et sensible gravité, entre autres celle du temps qui s'échappe
ou celle du presque tragique de nous savoir voués à l'incapacité
d'immobiliser, pour en jouir encore, des instants d'émotions fugaces.
Nadine Perronet |
Jacques Truphémus,
fidèle à la cité de Carémi |
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Le Progrès 3 mai 2003
Jacques Truphémus, tel qu'en lui-même
L'exposition proposée
actuellement à la Maison livre une sorte de journal intime
de Jacques Truphémus. Au fil des aquarelles, fusains et pastels de sa
collection personnelle sur les petites choses de sa vie, une esquisse du
jardin secret du peintre lyonnais. Interview.
-Comment êtes-vous
parvenu a choisir des dessins que vous n'aviez jamais montrés et qui disent
tant de choses de votre univers personnel.
Jacques Truphemus. Je suis né a Grenoble en 1922 et j'ai très vite peint.
Cela représente des milliers de dessins pendant des années et des années.
J'ai fait un grand tri et je suis parvenu à faire cette sélection.
Il s'agit d'une sorte de journal intime qui montre une sensibilité toujours
en marche. On est jamais soi-même à la naissance, on se construit et si on
reste figé. ce n'est pas la peine de peindre. Mais le dois dire que, pour ma
part, je continue à peindre tous les jours de ma vie dans mon atelier.
- On évoque votre filiation avec les
impressionnistes ou plutôt une oeuvre à la charnière d'une figuration
sensuelle et d'une sorte d'abstraction, comme l'a écrit le critique
Jean-Jacques Lerrant. Qu'on pensez-vous.
Je croix a la filiation. Elle est constante, on a jamais découvert tout seul
un univers particulier. Les musées ont été pour moi comme une bibliothèque
ou je me suis nourri. Mars c'est le regard des autres qui permet de vous
rattacher à d'autres peintres, L'évolution doit se faire de façon naturelle
et les apports de la vie ne peuvent se traduire que si I'on a les moyens
artistiques de les retranscrire.
- Quel regard portez-vous sur votre oeuvre,
maintenant que vous êtes un peintre reconnu au plan international?
Oh vous savez pour notre génération, les choses ne nous ont pas été
apportées sur un plateau. Il a fallu parfois travailler dur en usine et
peindre intensément de façon quotidienne avant d'être reconnu.
Le travail n'est pas quelque chose de réducteur pour l'artiste. C'est
essentiellement de la joie
- Vous êtes connu pour avoir beaucoup peint
l'univers des cafés, reste-t-il une source d'inspiration pour vous?
J'ai peint Lyon, ses rues, ses cafés et J'avais un attachement particulier
pour les cafés parce qu'ils disparaissaient et qu'on les défigurait. Mais
maintenant, je fais davantage des natures mortes, ou des paysages de mémoire
mais surtout des personnages ou des objets de mon quotidien, qui disent
quelque chose de ma sensibilité.
PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICIA DE SAUZEA. |
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