Dentelles et lingeries d'autrefois

Chantilly, Valenciennes,Argentan, Richelieu... Les petites dentelles évoquent de grands noms. De la coiffe réche des paysannes aux dessous plus soyeux des bourgeoises d'antan, toutes ces parures somptueuses s'exposent à la maison de Pays.

Arracher chacune de ces pièces au grenier, c'est d'abord rendre hommage à l'immense patience de celles qui les ont confectionnées. " Le linge survit à la brodeuse, seul lieu où se perpétue son nom" : la devise inscrite au dessus des vitrines donne le ton.
On songe aux paysannes des Vosges qui brodaient les corsages durant les longues  veillées d'hiver, aux anonymes, qui marquaient chaque pièce de lin d'un élégant monogramme ou à cette petite Marguerite dont on peut admirer l'abécédaire réalisé en classe durant des jours sombres de l'année 1917.

Pièces de musêe

Pour peu que l'on croise Jeannine Chenu, venue de Grigny avec ses pleines valises de lingerie, le parcours s'anime et se pimente d'anecdotes. Ancienne couturière, elle a gardé le goût des belles étoffes et des tournures raffinées qu'elle croquait en catimini dans lus grands salons lyonnais. Très estimée de ses riches clientes, elle leur a aussi transmis sa passion pour les dentelles. Petits cols, caracos, brassières, mitaines et mouchoirs fins sont passés demains en mains pour s'ajouter aux lingeries déjà prêtées gracieusement par le musée de Pliezhausen. Encore fallait-il les mettre en scène ! Christiane Lefaure, Jeanine Dumas et Yvonne Girard se sont armées de patience pour amidonner, repasser et draper sur mannequins. Au-delà du raffinement obstiné dont témoigne le plus simple des jupons, elles nous livrent leur belle histoire : celle d'une complicité féminine qui se transmet de génération en génération.

SYLVIE BROYER