Josette Genschke-Maréchal

Evoquer la sagesse  (le Progrès 15 juin 2003)

Rencontre avec Josette Genschke-Maréchal, peintre qui a quitté sa Croix-Rousse estudiantine des Beaux-Arts pour l'Allemagne. L'artiste expose en ce moment à la Maison de Pays.

Voilà trente ans que Josette Genschke-Maréchal a quitté sa Croix-Rousse estudiantine des Beaux-Arts pour suivre à Munich, Norbert devenu son mari. Trente ans et quelque 210 000 km parcourus de l'Allemagne vers la France, des attaches d'hier à celles d'aujourd'hui, avec des crochets vers l'Angleterre, l'Algérie, l'Autriche, la Pologne ou encore les PaysBas. Et des valises qui se remplissent d'émotions, de rencontres, d'amitiés liées avec des artistes de tous les pays, des engagements aussi auprès d'amis en souffrance. C'est un coeur «grand comme ça » qui s'amplifie à chaque rencontre et qui annihile toutes les frontières.
Alors, quand on pense avoir tout dit, que l'on a parcouru tous ces chemins vers l'autre pas à pas, on simplifie les formes à l'extrême et on réinvente un monde abstrait où les couleurs s'enchaînent pour ne laisser parler que l'essentiel. La lumière explose et les traits se font rare et se posent, telles de notes sur une partition musicale et traduisent l'émotion de l'instant. Rien n'est laissé au hasard et par touches colorées, l'imaginaire s'agence et ouvre la porte de toutes les évocations. Même la terre, elle même inscrite dans l'âme, vient se déposer sur les toiles en couches granuleuses et pulpeuses. «Plus j'allais vers !'autre, que je m'ouvrais à l'autre, plus je refermais mon cocon intérieur sur cette terre étrangère où faire pousser les enfants restait ma préoccupation première. Leur faire découvrir une nouvelle langue bien sûr mais aussi une nouvelle culture m'a pris une douzaine d'années. »
Une première exposition en France
Revenir vers sa terre natale avec sur ses souliers un peu de celle foulée au détour des chemins du monde et exposer ses déchirures, ses certitudes et ses inquiétudes, voilà la boucle qui se boucle. La famille et les amis lyonnais de l'artiste sont là pour découvrir le chemin parcouru depuis l'apprentissage avec Fusaro ou les grands maîtres de la Cité des Gaules jusqu'à l'exil d'amour. Et si l'artiste est une habituée des expositions munichoises où, à chaque fois, plus d'une trentaine de toiles s'accrochent aux cimaises, pour cette première française, des larmes ont coulé. Mais Norbert est auprès d'elle et raconte, avec son accent d'Outre Rhin, les multiples découvertes et la sagesse enfin acquise.

NADINE PERRONNET