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5 avril |
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diaporama les ponts recréer après la perte des images (2017) |
Mamoudou BOLY
Autodidacte, il apprend très jeune à confectionner les "bodilés" dont les peuhls se vêtent pour mener les troupeaux du Sahel. A l'âge de 7-8 ans, il chapardait des morceaux de tissus à sa mère pour faire des essais de teinture avec les plantes qu'il trouvait dans son environnement. A partir de cette base traditionnelle, il recherche de nouveaux pigments naturels qui lui permettent d'exprimer simplement par la peinture sa perception du monde. A l'age de 11 ans, il s'enfuit à
Ouagadougou et commence à vivre dans la rue en faisant des petits boulots.
Puis il est récupéré par un religieux musulman qui héberge un groupe
d'enfants qu'il fait travailler pour payer leur nourriture et qui leur
dispense un enseignement coranique, ce qui, jusqu'à l'âge de 16 ans, l'a
emmené au Mali, en Mauritanie et au Tchad. En 1999, il rejoint ses frères au centre national d'artisanat d'art de Ouagadougou et se consacre totalement à son art. Sur la trace de son frère aîné Sambo, dès l'an 2000, il expose au Burkina Faso puis à l’étranger (France, Andorre, Suisse, Canada) et anime des stages d'initiation au bogolan, une technique de teinture traditionnelle d'Afrique de l'Ouest, 100% végétale, n'ayant recours à aucun produit chimique, colorant ou fixateur artificiel. Il fait de plus en plus d'aller et retour entre la France et le Burkina Faso, multipliant les expositions et les stages, à Montivilliers (Seine Maritime), à Marcillac et Rodez (Aveyron), à Belfort... Il intervient régulièrement dans les écoles pour initier les enfants à sa technique des pigments, les aider à en rechercher de nouveaux dans la nature et exprimer ainsi, avec de petits moyens, leur liberté créative. C'est ainsi qu'il est venu pour la première fois à Mornant en octobre 2004, dans le cadre de la semaine africaine. A cette occasion, il fait connaissance avec une maman d'élève qui l'invite pour animer un stage dans un centre d'art plastique à Saint-Étienne. C'est là qu'il rencontre Mélaine, mosaïste d'art. Désormais mariés, ils ont deux enfants, Lila et Thomas. La nature est au centre de l'œuvre de Mamoudou. Dans ses premières années de création, il y puise ses pigments (écorces et feuilles d’arbres qu’il fait bouillir) et ses supports, fabriqués avec des éléments naturels (bandes de coton tissées dans le Nord du pays, peaux d’animaux). Il tire son inspiration de l’environnement peuhl qu’il a connu dans son enfance. Puis ses tableaux incluent des éléments de récupération comme des tiges métalliques ou des clefs, qui l’intéressent pour leur dimension esthétique et pour ce qu’ils représentent. Ses travaux récents, entre modernité et tradition, illustrent la rencontre, souvent un peu brutale, entre son imaginaire africain basé sur les traditions et la nature, et une société plus occidentalisée. Son action artistique contribue à promouvoir la réalisation de projets de développement socio-culturel et éducatifs entre le continent africain et l'Europe. |